Ils ont la parole
Témoignages
Infirmière
C’est un métier enrichissant, qui offre une vraie autonomie et une grande diversité de missions. On évolue constamment et on se sent utile chaque jour.
Marie Ardaillou, 26 ans, infirmière diplômée d’État, exerce son métier avec plaisir depuis cinq ans à l'EAM Le Jardin des Amis, un établissement d’accueil médicalisé pour adultes en situation de handicap. Engagée et profondément à l’écoute des autres, elle trouve sa vocation dans l’accompagnement à long terme, tissant des liens solides avec les usagers qu’elle accompagne. Passionnée par le soin relationnel, elle partage son parcours, ses motivations et son quotidien, soulignant l’importance de l’empathie et de la proximité dans son métier.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Marie Ardaillou, j’ai 26 ans. Je travaille comme infirmière diplômée d’État à l'EAM Le Jardin des Amis depuis juillet 2020. C’est mon premier poste, juste après l’obtention de mon diplôme, et j’y exerce depuis bientôt cinq ans.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de choisir ce métier ? Était-ce une vocation ou un concours de circonstances ?
C’est un métier qui correspond à mes qualités humaines : le lien avec l’autre, l’empathie, l’écoute. Depuis toujours, j’ai ressenti ces qualités, et cela m’a naturellement dirigée vers ce métier.
J’ai fait un bac ST2S, puis j’ai poursuivi mes études en école d’infirmiers à Limoges. Mon père est moniteur-éducateur auprès de personnes en situation de handicap, et j’ai grandi dans cet environnement. Mais le véritable déclic a eu lieu lors d’un stage en MAS (Maison d’Accueil Spécialisée). J’y ai découvert l’accompagnement au long cours et la relation de confiance qui se construit avec les usagers. Ce stage a confirmé mon envie de travailler dans le secteur du handicap.
Si vous deviez résumer votre métier en une phrase ou quelques mots ?
S’assurer du bien-être des personnes que nous accompagnons, leur apporter des soins, être à leur écoute et les soutenir dans leur quotidien.
Décrivez-nous votre métier. Quel type de public accompagnez-vous ?
Je travaille dans un établissement d’accueil médicalisé pour adultes en situation de handicap. Nous accueillons des personnes âgées de 20 à 76 ans. La majorité présente une déficience intellectuelle, mais certains ont également des troubles du comportement ou de l’attachement, ainsi que des pathologies comme l’autisme ou la schizophrénie.
À quoi ressemble une journée type dans votre métier ?
La journée commence par les transmissions avec les veilleurs de nuit. Nous faisons le point sur les événements de la nuit, puis nous délivrons les traitements du matin à l’infirmerie, ce qui favorise l’autonomie des usagers. Ensuite, nous réalisons les soins de nursing, principalement en guidage verbal, car la plupart des personnes sont autonomes. Nous préparons également les piluliers pour le lendemain. Au fil de la journée, nous effectuons les soins techniques si besoin, comme des prises de sang ou des sondages. Le midi, nous encadrons le repas thérapeutique, un moment important d’échange et de vigilance, notamment pour prévenir les fausses routes. L’après-midi est consacré aux rendez-vous médicaux, à l’accompagnement des usagers, à l’organisation des transports en VSL, ainsi qu’à des ateliers de santé. À 16 h 30 a lieu la collation, soit en chambre, soit dans les espaces communs. La journée se termine par les soins du soir, les transmissions pour l’équipe de nuit, le repas et l’accompagnement au coucher.
Concrètement, comment s’organise votre semaine en termes de charge de travail ?
Nous sommes aux 37 heures 30, avec des horaires en roulement : des journées de 7 heures (7 h - 14 h), de 9 heures (14 h - 21 h), et une fois par semaine une journée de 8 h à 17 h. Cela permet d’assurer la continuité de l’accompagnement tout en maintenant un équilibre dans l’organisation de notre travail.
Quels sont les moments les plus enrichissants dans votre travail ?
Les ateliers d’éducation à la santé sont des temps très enrichissants. Ils permettent de renforcer l’autonomie des usagers et de consolider la relation de confiance que nous avons construite avec eux.
Les accompagnements individuels sont aussi des moments forts : ils favorisent une vraie proximité et permettent d’adapter l’accompagnement à chacun.
Pouvez-vous partager une anecdote ou un moment marquant qui illustre ce que ce métier vous apporte ?
Je pense à un usager atteint de potomanie, une pathologie qui le poussait à boire de façon compulsive, mettant sa santé en danger. Il avait beaucoup de mal à se réguler et passait ses journées à boire de l’eau en cachette, sans mesurer les risques. Avec la psychologue et une éducatrice spécialisée, nous avons mis en place un accompagnement spécifique. Chaque matin, nous remplissions une jarre de cinq litres, qui représentait sa consommation d’eau pour la journée. À chaque verre qu’il buvait, il allait lui-même se servir dans cette jarre. Cela lui permettait de visualiser ce qu’il lui restait à boire et de mieux comprendre ses limites. En parallèle, nous avons instauré un système de gommettes : à chaque fois qu’il respectait les consignes, il obtenait une gommette. Cela valorisait ses efforts et l’encourageait à poursuivre. Au fil des semaines, il a réussi à réguler sa consommation et à retrouver un meilleur équilibre. Ce travail d’équipe a renforcé notre lien de confiance et lui a permis de reprendre le contrôle sur ce comportement. C’est un exemple concret de l’impact que nous pouvons avoir, en travaillant en collaboration avec les équipes et en prenant le temps d’accompagner la personne dans la durée.
Quels sont les principaux enseignements ou compétences que vous avez acquis pendant vos études ?
La formation nous donne une base solide en soins techniques, en particulier en thérapeutique psychiatrique. Nous avons également eu des cours sur les pathologies psychiques. En revanche, le handicap a été peu abordé pendant le cursus. Ce sont surtout les stages, notamment en MAS, qui ont été les plus formateurs.
En arrivant sur le terrain, qu’avez-vous appris que la formation ne pouvait pas vous enseigner ?
Le soin relationnel et l’adaptation à chaque personne. Ce sont des compétences qui s’acquièrent sur le terrain, en s’ajustant à la personnalité de chaque usager, à ses besoins et à ses attentes.
Y a-t-il une idée reçue sur ce métier que vous aimeriez corriger ?
Oui. Beaucoup imaginent que travailler en EAM, c’est surtout faire des activités et accompagner les usagers en sorties. En réalité, il y a une vraie charge de travail et un investissement quotidien. Même si les soins techniques sont moins fréquents qu’à l’hôpital, ils sont présents, et notre rôle est essentiel.
Quelles qualités ou valeurs humaines sont essentielles pour réussir dans ce métier ?
L’écoute et la communication, qu’elle soit verbale ou non verbale, sont indispensables. L’empathie est également essentielle. Il faut être capable de répondre rapidement aux besoins des personnes que nous accompagnons, qui sont souvent en grande demande et en situation de fragilité psychologique.
Qu’est-ce qui vous motive à continuer, même face aux difficultés ?
Ce sont les usagers eux-mêmes. Les liens que nous avons créés, la confiance qu’ils nous accordent et le sentiment d’être utile dans leur parcours me donnent l’énergie pour continuer, même quand l’organisation est parfois complexe.
Avec qui travaillez-vous et comment s’organisent vos échanges ?
Je travaille avec deux autres infirmières, dont une infirmière coordinatrice (IDEC), trois aides-soignants, une ergothérapeute, une psychomotricienne, une psychologue, des éducateurs spécialisés, des AMP et des moniteurs-éducateurs. Nous collaborons aussi avec la cheffe de service et la directrice.
Nous fonctionnons en transversalité dans une structure mutualisée. Les échanges sont constants, que ce soit lors de réunions formelles ou au quotidien, pour garantir un accompagnement cohérent et personnalisé.
Que pouvez-vous nous dire sur les formations que vous suivez dans le cadre de votre travail ?
J’ai suivi la formation « Mesure 37 » pour la détection des troubles autistiques, ainsi qu’une formation sur les maladies psychiatriques et les troubles du comportement, animée par un professeur spécialisé. Ces formations nous permettent d’adapter notre accompagnement et de mieux comprendre les troubles rencontrés par les usagers.
Comment ce métier peut-il évoluer avec l’expérience ? Y a-t-il des passerelles vers d’autres fonctions ?
Il est possible d’évoluer vers un poste d’infirmière coordinatrice (IDEC). Avec l’expérience et en passant des concours, on peut aussi devenir cadre de santé ou cheffe de service. Le diplôme d’infirmier offre de nombreuses possibilités d’évolution.
Qu’est-ce qui vous rend le plus fière dans votre parcours ?
Les liens de confiance que j’ai su créer avec les usagers et l’équipe. Ce métier m’a permis de grandir, aussi bien sur le plan humain que professionnel.
Pourquoi recommanderiez-vous ce métier à un jeune en quête de sens et d’avenir ?
Parce que c’est un métier enrichissant, qui offre une vraie autonomie et une grande diversité de missions. On évolue constamment et on se sent utile chaque jour.
MOT DE LA FIN : Si vous deviez résumer ce métier en une phrase inspirante, laquelle choisiriez-vous ?
Je ne changerais mon métier pour rien au monde.