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Ils ont la parole
Témoignages

Jean-Pierre B

Famille

Il y a un avant et un après SAMSAH

Contribution présentée au nom des parents des personnes accueillies lors des 10 ans du  SAVS SAMSAH Sud Seine et Marne, le 17 novembre 2014 , au Théâtre de Fontainebleau.

 

Mesdames et Messieurs en vos fonctions et qualités,

Mes Chers amis qui êtes accueillis au SAVS ou au SAMSAH SUD SEINE ET MARNE, et vos familles,

 

Mme CHRISTINE GAUTIER m'a chargé de vous dire quelques mots au nom des parents des personnes accueillies. 5 minutes m'a-t-on précisé. C'est peu, tant il y a de choses à dire en ce dixième anniversaire du SAVS / SAMSAH SUD SEINE ET MARNE, établissement souché dans la déjà très ancienne « FONDATION DES AMIS DE L'ATELIER ».

Mon problème n'est pas de faire l'éloge d'une structure d'une exceptionnelle qualité mais de ne pas en faire de trop de matière à demeurer crédible face à celles et ceux qui ne connaissent pas de l'intérieur ce modèle médico-social à visage humain, au seul service des malades souffrant d'une des nombreuses déclinaisons du dysfonctionnement de notre cerveau que l'on appelle généralement « le handicap psychique et mental ».

Alors que depuis plusieurs décennies, dans l'indifférence quasi générale, et sans que nos concitoyens en aient toujours conscience, nous détricotons accelerando la protection sociale, donc l'égal accès pour tous à la santé, il est remarquable de voir une institution d'essence privée, associative, sans but lucratif, réussir en partenariat avec la puissance publique, les collectivités locales et les maires, une telle entreprise au service de celles et ceux qui trop longtemps ont été les grands oubliés des préoccupations nationales.

En l'occurrence parler au passé constitue une hérésie tant les moyens sont encore embryonnaires.

Pour les femmes et hommes accueillis, souvent jeunes mais pas toujours, pour leurs familles, il y a un avant et un après SAMSAH.

LE SAMSAH n'est pas un lieu de rencontre autour de dames patronnesses débitant des grands principes à des jeunes gens un peu en déshérence psychologique, mais, tout comme Monsieur JOURDAIN faisait de la prose sans le savoir, le SAVS SAMSAH fait de l'éducation thérapeutique sans que nous en ayons toujours conscience, et cette notion change tout car cette pratique préventive et curative, se situe dans l'air du temps et nul initié ne saurait en contester l'efficacité, donc la pertinence.

Au SAVS et au SAMSAH, on rompt l'isolement, on partage des expériences communes ou singulières, on réapprend à vivre en société, on redevient une femme ou un homme à part entière et non entièrement à part, en un mot on redevient un citoyen, un malade comme les autres et l'on reprend confiance en des jours meilleurs.

Une véritable éducation thérapeutique est par nature destinée à espacer les séjours hospitaliers, désengorger les urgences et les difficiles interventions à chaud et peut être de surcroit alléger le poids de la camisole chimique. Ce contrat est sans aucun doute rempli.

Il s'agit d'une bonne pratique qui contribue à l'économie de la santé laquelle n'est pas un gros mot, à contrario des économies sur la santé dont le simple énoncé m'est insupportable.

Que de journées d'hospitalisation économisées, sans parler des dégâts collatéraux, que de drames évités du fait de l'action quotidienne du SAVS et du SAMSAH.

Nul ne peut rester indifférent devant le travail colossal et l'efficacité d'une telle structure.

Pour un malade, appartenir au SAMSAH est une chance, pour les familles une immense respiration.

Il est parfois difficile de convaincre un malade de rentrer au SAVS ou au SAMSAH mais il est généralement infiniment plus difficile de l'en faire sortir en cas de besoin.

Au SAVS ou au SAMSAH la personne accueillie est placée au centre du cercle et fait l'objet de toute les attentions et ce nonobstant toute l'assistance médicale dont chacun peut bénéficier dans notre pays, sans occulter le rôle des familles fortement mises à contribution, tellement mises à contribution qu'elles sombrent parfois à leur tour dans la désespérance et la dépression.

Tout cela est possible du fait de la qualité d'un staff et d'équipes de grande qualité. Quand CATHERINE BREUX est partie je me suis interrogé, et maintenant ? Et bien comme sur tous les chantiers du monde les ouvriers se remplacent et l'ouvrage continue. Catherine RANGER, Stéphanie MARCHAND ont tenu la maison et Christine GAUTHIER a pris la direction du SAMSAH, une continuité sans la moindre faille a ainsi été assurée, j'en oublie par ignorance, qu'ils veillent bien me pardonner.

Il faut renforcer les SAVS SAMSAH dans notre vaste région francilienne mais pas seulement, il faut modéliser ce type d'établissements utiles et en vaporiser sur l'ensemble du territoire.

J'ai lu sur Internet en préambule de la présentation de la Fondation des amis de l'Atelier : « Notre plus grand handicap serait d'ignorer le leur »

Je souhaite ajouter que tels les animaux de la ferme de GEORGE ORWELL, grâce au SAVS et au SAMSAH « nos malades sont devenus des malades plus égaux que les autres ». Mais hélas combien de malades à l'extérieur ne peuvent bénéficier des bienfaits d'un SAVS ou d'un SAMSAH, par ignorance, ou tout simplement parce que il n'y en a pas suffisamment.

Vous êtes vous demandés de quoi vivaient le SAMSAH et sa maison mère les amis de l'Atelier et bien de ses propres ressources, c'est à dire des richesses qu'ils créent, de dotation des pouvoirs publics, état, collectivités régionales et locales, mécénat et de dons,

Savez-vous que quand vous êtes imposable, ce je que je vous souhaite 1 euro donné au SAMSAH ou a ceux qui viennent à ses droits c'est 2/3 déductible de vos impôts non pas de votre assiette d'imposition mais directement de la somme que vous devez verser au trésor public.

Nous pouvons déplorer que dans le domaine du mécénat il soit plus facile de lever des sommes considérables pour des évènements sportifs ou autres, souvent bien médiocres et sans réelles retombées en matière d'image que pour servir des grandes causes comme celle évoquée ce jour.

Et toutes ces gabegies sont payées par nos deniers car ces sommes sont dé fiscalisées.

Nous sommes tous des malades, vous serez tous tous un jour des malades, ce n'est qu'un problème de temps, pensons à ceux qui aujourd'hui ont besoin de nous.

Peu adepte des congratulations, s'agissant du domaine de la santé, je vous propose que nous nous levions et que nous applaudissions aux résultats spectaculaires obtenus ces 10 dernières années par le SAVS et le SAMSAH grâce à des femmes et des hommes qui bien souvent ont dépassé le cadre du job pour lequel ils sont rémunérés par une disponibilité, une empathie et un humanisme en tout point remarquables.

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