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Ils ont la parole
Témoignages

Patricia Gransart

Maman d’Adeline, résidente au Domaine des Amis du Gâtinais

Avec le temps, on prend sur soi et on se dit qu’il faut faire confiance

Patricia Gransart est la maman d’Adeline, 30 ans, résidente au Domaine des Amis du Gâtinais. Elle témoigne pour les lecteurs d’Amitiés et revient sur le parcours de sa fille pour acquérir plus d’autonomie.
 

Pouvez-vous nous parler de votre fille Adeline et de son parcours ?
La naissance d’Adeline a été un choc. La grossesse, bien que gémellaire, s’était très bien passée. C’est après l’accouchement que nous avons vu que tout n’était pas normal pour notre fille. Mais la vie continue et on est rentrés à la maison avec nos deux enfants. Adeline a été acceptée par la famille et les amis de la même façon que son frère. À son entrée en maternelle, nous avons craint le regard des autres. Mais, au contraire, nous avons eu la bonne surprise de voir que nos deux enfants étaient acceptés de la même façon. Lors du passage au CP, l’inspection académique a orienté Adeline vers une CLIS (classe pour l’inclusion scolaire). Cette étape n’a pas été évidente pour nous car il fallait la laisser partir, seule, toute une journée, loin de la maison. Il a alors fallu apprendre à faire confiance à d’autres personnes que nous ne connaissions pas. Mais ça s’est très bien passé. Adeline est restée quelques temps en CLIS et elle a ensuite été orientée vers un établissement adapté à Aulnoy (77).


Comment avez-vous rencontré la Fondation des Amis de l’Atelier ?
C’est quand Adeline a eu l’âge d’intégrer un Foyer pour jeunes adultes que le parcours du combattant a commencé pour trouver un établissement proche de chez nous qui correspondait aux besoins et attentes de notre fille. Nous avons visité beaucoup d’établissements dont le Foyer de Villemer de la Fondation des Amis de l’Atelier où Adeline est entrée en internat. De nouveau, il fallait faire confiance à une équipe qu’on ne connaissait pas. Au début, je me posais beaucoup de questions : Est-ce qu’elle va bien dormir ? Est-ce qu’on va bien s’occuper d’elle ? Finalement, on s’est très vite aperçus que tout se passait parfaitement bien. Adeline était heureuse et on la sentait épanouie. On s’est dit qu’il fallait qu’on la « lâche » un peu et qu’elle puisse vivre sa vie ! En 2019, elle est entrée au Domaine des Amis du Gâtinais à Bougligny d’abord dans une chambre du Foyer puis, en septembre 2021, dans son propre petit appartement.


Pouvez-vous nous en dire plus sur ce logement en semiautonomie ?
C’est Adeline qui en avait fait la demande. Ça faisait partie de son projet d’aller vers plus d’autonomie. Son souhait était de vivre dans un appartement, seule. Le déménagement s’est fait de la chambre d’Adeline jusqu’à l’appartement par l’intermédiaire du Foyer. Avec son père, nous sommes intervenus après. Nous lui avons acheté et installé quelques petits meubles et de la décoration. Elle était ravie. Maintenant, elle est dans son petit appartement et c’est super ! Elle nous appelle quasiment tous les soirs en visio. On la sent très bien intégrée et très détendue. Elle fait son ménage, ses machines à laver… Une fois par semaine, son éducatrice l’aide à faire ses courses et à prévoir ses repas. On craignait un peu qu’elle s’isole mais on est agréablement surpris ! Elle a pris rapidement ses repères et son rythme. Le matin et l’après-midi, elle continue à aller faire les ateliers du Foyer comme avant. Ce n’est donc pas tout à fait en autonomie totale. Elle mange aussi un repas par jour avec ses copains et copines du Foyer. Cela nous rassure qu’elle continue à participer à la vie du Foyer.


Comment vous impliquez-vous dans la vie d’Adeline ?
Nous essayons toujours d’aller dans le sens d’Adeline. Si elle a une envie, on lui explique ce qui est possible ou non. Nous voulons répondre à ses souhaits et faire tout notre possible pour qu’elle puisse vivre normalement. Cela passe aussi par accepter qu’elle puisse avoir une vie amoureuse comme tout le monde. Ce n’est pas simple. Tout ce que cela implique peut faire peur : la relation sexuelle, la relation avec l’autre. Avec le temps, on prend sur soi et on se dit qu’il faut lui faire confiance. Je lui pose des questions sur son petit copain mais tout en lui demandant aussi si ce n’est pas trop indiscret.


Que souhaitez-vous pour l’avenir d’Adeline ?
Notre idéal serait qu’elle puisse vivre en autonomie et avoir une vie normale. Pour le moment, elle est dans son petit appartement seule mais elle est toujours entourée donc ça nous rassure. Nous nous demandons si dans la vie de tous les jours, elle pourrait vivre seule. C’est encore une question que l’on se pose et qui nous fait peur. Je pense qu’on n’est pas encore prêt pour ça.

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